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Se définir

Par quoi est-on défini?
Notre famille? Notre histoire? L’endroit d’où l’on vient? Nos actions? Nos valeurs? Nos erreurs? Nos rêves? Notre profession?

Un peu de tout ça et tout un tas d’autres choses non? Nous voilà, êtres complets, complexes, aux multiples facettes.

On se cherche pendant longtemps, à comprendre qui l’on est vraiment, au delà des attentes, des diktats, des idées toutes faites. Au delà de ce que l’on cherche à prouver ou à paraître.

La recherche de soi est une quête. Sait-on jamais vraiment, finalement, ce qu’il y a fond de nous, ce dont nous sommes capables? Nous nous surprenons indéfiniment. Les moments sereins et joyeux nous portent, nous soutiennent lors des instants délicats et chaque pas fait partie de notre construction. Vécues par tant d’autres avant nous, générations après générations, les vies d’humains se ressemblent, pourtant notre expérience demeure unique.

La beauté de cette vie mortelle réside dans son renouveau permanent et son éternel recommencement.
Puissions-nous nous incarner au delà des codes. Que seule la vie nous définisse, tout simplement. Lui donner notre direction. Notre sens. Libres, et un peu sauvages. Et l’aimer aussi prodigieusement que l’amour que nous méritons nous-même.

Pratique personnelle

J’ai mis des années à établir une pratique de yoga personnelle, à la fois assidue et nourrissante.

Je suis passée par la phase « au minimum 1h de postures quotidiennes » sous peine de me flageller sous le joug de la culpabilité.
Mon but était de me renforcer et de pouvoir tenir des postures exigeant force et souplesse. (Oui bon ça fait partie de l’apprentissage hein!). Même si cela satisfaisait mon égo, je sentais bien que quelque chose manquait. Je me mettais une telle pression qu’hormis vide et frustration, il n’en sortait pas grand chose.

Je ne comprenais pas ce dont j’avais vraiment besoin: en tant de Vata (c’est à dire un mental qui turbine en permanence s’il n’est pas calmé) de m’établir dans des postures stables, de privilégier une respiration fluide et égale. De me préparer à la méditation. Bref, de faire en sorte que la pratique soit à mon service et non l’inverse.

Une séance de yoga doit être Sattvique, c’est à dire équilibrante. Elle comble nos besoins réels plutôt que ce dont on a envie.

Quelques questions à se poser: notre yoga nous rend t’il plus serein et équilibré sur le long terme? Au quotidien, sommes-nous plus patients, moins impulsifs? Prenons-nous de meilleures décisions, pour nous et nos proches? Faisons-nous preuve de davantage de discernement? Pouvons-nous nous remettre en question sans appréhension?
En résumé, notre pratique du yoga nous fait-elle évoluer en tant qu’être humain?

Le yoga va au delà d’un corps fort et agile. Dans nos pratiques, pourquoi se contenter de si peu quand nous pouvons en espérer tant?
L’aphorisme 1.2 des Yoga Sutras établit que le yoga est l’arrêt des fluctuations du mental. Dans un corps préparé à méditer longuement, de parvenir à cet état qui stoppe l’identification du moi avec les pensées, vers l’esprit qui transcende l’ordinaire, qui a même dépassé l’état serein de « Shanta » la paix, pour s’unir avec l’infini.

S’établir et s’épanouir dans notre pratique personnelle sera le thème de notre atelier du samedi 9 juillet. Je partagerai avec vous tout ce qui m’a aidée à développer un yoga très simple et épanouissant, et à l’adapter tout au long de la vie.

Le sens du Yoga

On peut pratiquer le yoga depuis des années. Maîtriser les postures comme une déesse. Mener une vie saine. Connaître quelques concepts et avoir parcouru certains des textes traditionnels.
Mais rien de tout cela n’a beaucoup d’importance sans un travail personnel.

Lorsque l’on enseigne le yoga face à un public, l’égo peut vite prendre le dessus. Des élèves qui vous regardent exécuter certaines postures énigmatiques, qui viennent à vous pour des questions, des followers en plus sur Instagram. Ça peut vite être flatteur. On pense avoir « réussi » être un peu « au dessus ». Tout le contraire du yoga me direz-vous? Et bien oui.

Les postures sont les postures. Le yoga ou l’état de yoga, est décrit comme l’arrêt des fluctuations du mental. Cela demande non seulement de s’établir dans une forme de paix intérieure, mais aussi prendre de la distance avec tout ce qui constitue, en théorie, ce que nous sommes. L’observation de soi, l’introspection, la remise en question, sont des éléments indispensables de notre évolution personnelle et collective. Chaque yogi est censé se consacrer à l’analyse de ses émotions, réactions, de son impulsivité ou encore des choix qu’il fait. La façon dont il se considère et dont il traite les autres. Personne n’est à l’abri de se fourvoyer ou de blesser, bien entendu.
Mais plonger en soi nous rend plus doux, ouvert, compréhensif. C’est un exercice d’humilité, difficile, mais qui en vaut largement la chandelle.

Se confronter à ses défauts et ses limites demandera d’abord un effort dérangeant. Mais c’est le prix d’une liberté plus grande, d’un ancrage dans le monde plus complet et d’une légèreté durable dans le cœur.

La joie

La joie fut l’un des sujets prédominants de notre retraite. Elle a occupé de nombreuses conversations, avec Rod, entre copines, dans nos réflexions personnelles. Finalement, elle a été l’agréable toile de fonds de nos pratiques.
La pratique posturale nous préparait avant tout à longues plages de respirations et de méditations. Toutefois la joie n’est pas forcément le meilleur qualificatif pour les décrire : certaines méditations sont intenses, merveilleuses, libératrices. D’autres faites de frustrations, usées par un mental turbulent, un souffle haché et un corps incapable de se reposer. On tente de surpasser les faiblesses de l’esprit, avec persévérance, bienveillance et fermeté, en l’établissant dans un calme serein et nourrissant. Alors les prémices de l’état de yoga se dévoilent. Un état de paix non soumis aux émotions, pensées, sensations, perceptions. Un état dans lequel toute identification au Moi a cessé. Lorsque la conscience subtile derrière l’ordinaire apparaît, nous nous établissons dans l’être qui n’est plus soumis à aucune qualification. Pour cela, il va falloir accepter la remontée de tout se qui tapit sous la surface, autoriser la présence de cette houle, avec détachement, pour nous rendre plus libre. Ce à quoi nous résistons persiste. Ce que nous acceptons se fond dans une conscience plus profonde, et nous devenons moins soumis aux aléas exténuants du mental. De telles expériences rendent simplement visible la joie inhérente en chacun de nous. Parfois dormante, parfois plus vive, elle devient enfin palpable. Elle ne dépend plus de conditions ou de récompenses extérieures et réside immuablement dans notre cœur. Si la conception spirituelle du yoga nous invite par la suite à nous détacher de cet état (créant un désir potentiellement insatiable)…qu’il est doux d’être accompagné par la grâce à la fois simple et subtile de ce qui constitue l’une des plus belles parts de l’existence humaine.

Voyage

Levée un peu trop tôt, je m’installe fatiguée mais heureuse sur le siège du premier train qui me conduit à l’aéroport.

J’adore l’ambiance des voyages, ils revêtent toujours pour moi une sensation d’aventure et de mystère. J’observe les inconnus en me demandant qui ils sont, où ils vont, ce qui les amène là. Nos destinations sont différentes, mais nous partageons un instant, un entre deux, une parenthèse toute éphémère. Ni ici, ni là-bas. Je sais où je vais et presque rien à la fois.

C’est l’effet de ces longs stages, entre une conscience aiguisée, une présence dans le moment, pleine, intacte. Et une déconnection totale.
Cette immersion me plonge à chaque fois dans 4 phases. La découverte, l’adaptation, le lâcher prise, la leçon. Pendant, on dort peu. On est trop remué. Très sollicité, sur tous les plans: physique, mental, émotionnel, spirituel. Épuisé mais incapable de se reposer vraiment. La dernière partie nous laisse plus de répit, on comprend, on commence à assimiler. Puis vient le lendemain. Tout se révèle, fait sens, éclot. C’est magique. Il y a beaucoup de pratiques posturales, au service d’autre chose. Elles ne sont qu’un outil. Ce n’est pas le corps que l’on vise ou qui évolue vraiment. C’est nous. Notre relation à nous, aux autres. Dans ce moment presque exclusivement introspectif, on passe tout au crible, avec appréhension, bienveillance et libération. C’est un exercice difficile mais salutaire.

Aujourd’hui est un long voyage 🧳. Une entrée en matière.
Je vous embrasse 😘