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L’évolution de la pratique du yoga

Parfois j’ai la flemme. L’idée de me mettre sur mon tapis me séduit, et puis je change d’avis au profit de n’importe quelle autre activité.

En quelques années, la tendance s’est inversée: avant il me fallait une pratique physique forte pour me calmer, en espérant que cela soit suffisant pour prendre quelques respirations sans m’énerver. Maintenant, je m’installe en méditation avec plaisir, mais la pratique des postures devient plus problématique. L’envie est une chose, la réalisation en est une autre.

Voilà, j’en viens à trouver des excuses : j’ai du travail en retard, je suis trop fatiguée, je dois repeindre le salon, tailler la haie (Bon ça c’est pas vrai ). J’ai plutôt besoin de chausser mes baskets (ce que je fais) ou d’enfourcher mon vélo.

Dans mon métier, la pratique des postures est souvent liée à la prochaine classe que l’on va dispenser. On est toujours en train de chercher l’inspiration, comment inclure cette posture dans la prochaine classe, analyser les ressentis, réaligner le corps. Bref: il n’y a plus beaucoup de spontanéité, tout devient réfléchi, planifié.
Et c’est difficile de retrouver du plaisir de cette façon.

Jai besoin de redécouvrir une pratique en “vrai”. D’être auprès de mon professeur, de ressentir l’ambiance et l’énergie collective d’une salle de cours, de n’être là que pour moi, de vibrer. De me rappeler à quel point une pratique peut nous confronter, nous bouleverser, nous élever, nous changer pour le meilleur et l’insoupçonné.
Bientôt, j’aurai la chance de retrouver cette connexion intime à la pratique.

Que vous pratiquiez depuis longtemps ou non : une séance de yoga est à propos de vous. Pas du prof qui est là pour vous guider tout en sachant s’effacer, ni à propos de vos voisins qui font différemment de vous. Ce qui compte, c’est vous. Votre corps, votre souffle, votre cœur. Vous vous reconnectez à vous. Et c’est assez sublime et fort comme ça!

Le bonheur

Le bonheur… est partout.
Lorsque nous sommes malheureux, c’est parce que quelque chose recouvre notre esprit et que nous ne sommes pas en mesure de prendre conscience du bonheur. Lorsque la difficulté est passée, nous le retrouvons de nouveau.
Le bonheur est libre. Il est toujours le même. Il n’apparaît pas et ne disparaît pas. Il n’est pas quantifiable, il n’est jamais plus, ni moins. C’est notre conscience du bonheur qui fluctue. Pourtant le bonheur est notre condition initiale.
Il est la réalité.
Il est la vie.

– Agnes Martin –

Intégrité

Je suis reconnaissante de toutes les embûches que la vie a posées sur mon chemin. Dès petite, il a fallu encaisser, composer, naviguer. Surtout, il a fallu apprendre à choisir : de la chérir en reconnaissant qu’elle ne manquait pas d’humour. Prendre les choses avec du recul, ne pas être surpris de grand chose, sauf peut-être de la véritable bonté et de l’amour altruiste. Les coups ont été nombreux et ont laissé leurs marques. Construire, non avec l’esprit de la vengeance mais avec celui de la gratitude, de se savoir si petit et miraculeux à la fois. En faisant le bilan de ces dernières années…que d’épreuves, que de peines. Mais que d’avancées aussi.

L’entreprenariat restera une leçon majeure de mon existence à ce jour. C’est loin d’être rose tous les jours. Il y tant de travail, de difficultés à surmonter, de jalousies et de coups bas, de jugements de valeur et de manipulations auxquels il faut faire face. Une généreuse palette de toute la nature humaine cachée sous le voile de l’ignorance “avidya”, en somme.
Et des choses très positives et fortes, les récompenses du cœur. C’est gravir les marches d’un escalier interminable armée de sacs de béton. Chaque pas est une victoire.
Le temps et l’expérience permettent de relativiser, il y a moins d’impulsivité, plus de réflexion. C’est l’école de la vie, ni plus ni moins. Les bouffées d’optimisme laissent vite place à la réalité du terrain. Trouver des solutions, agir avec bon sens, droiture et humilité. Faire preuve de courage et de hauteur de vue. Apprendre à dire non. Ne jamais avoir fait le choix de la perfidie, de la manigance, ou de causer du tort à autrui. C’est un fardeau que je ne porte pas. Peut-être est-il gage de durée.

Au cœur de tout cela, la pratique du yoga et mon métier sont intimement liés. Comment “enseigner” et travailler sans porter ses valeurs au corps? Comment prétendre vouloir partager un savoir qui ne nous appartient pas, s’il n’a que visée narcissique et destiné à son unique profit? S’installer dans le siège de l’observateur “Buddhi” pour mieux s’immerger dans une conscience éclairée, intègre et authentique, tel est mon but. Hier, aujourd’hui et demain.

Un maitre spirituel véritable

« Le cœur de la transmission spirituelle tient aux qualités du maître : sa liberté intérieure, sa compassion, sa sagesse et son désintérêt pour les futilités mondaines.

Au cours de toutes ces années, je n’ai jamais décelé chez eux une pensée, une parole, ou un acte qui soit susceptible de nuire à autrui. Leur seul et unique souci semblait être d’accomplir le bien des êtres, pas seulement leur bien immédiat, mais un bien ultime : la libération du monde conditionné par la souffrance, le samsara. On pourrait m’opposer que je suis de nature naïve et que leurs travers m’ont échappé. Mais une simple façade masquant des vices cachés ne résiste pas à l’épreuve du temps. Les défauts dans la cuirasse finissent toujours par apparaître, si bien dissimulés soient-ils. Ce ne fut pas le cas. Qui plus est, à la différence des dissimulateurs qui se préoccupent constamment des jugements d’autrui, l’un des traits communs à tous ces maîtres est qu’ils n’ont aucun souci de leur « image », ne cherchent jamais à « paraître », et n’ont nulle considération pour la louange ou la critique, la renommée ou l’anonymat.

C’est bien ce que l’on attend d’un maître spirituel digne de ce nom, me direz-vous. Certes, mais une telle cohérence n’en est pas moins exceptionnelle et inspirante. Elle est aussi nécessaire : comment, en effet, considérer comme « maître spirituel » quelqu’un qui se comporte de façon douteuse, voire néfaste, à l’égard des autres ? De fait, un maître spirituel authentique n’a rien à gagner ni à perdre, mais tout à donner, à partager. Peu lui importe d’attirer quelques nouveaux disciples, il ne recherche aucune reconnaissance publique, aucun avantage personnel, et son train de vie se veut simple et dépouillé, détaché de tout faste. Un maître qualifié ne surgit pas de nulle part : il est dépositaire d’une lignée ininterrompue de transmission spirituelle et d’expériences acquises au fil des générations. 

Celui qui sera votre guide sur cette voie longue et périlleuse devra être en mesure de vous orienter, mais aussi de vous protéger des faux pas, entraves et impasses. Son rôle est ainsi primordial, essentiel.

Et le choix de votre maître est donc la première étape de votre voyage, et peut-être la plus importante (…) la soif d’apprendre et de se libérer ne doit cependant pas pousser à la précipitation. En Orient, l’enseignement spirituel est au fondement de l’éducation dès le plus jeune âge, et la fréquentation des textes, des maîtres et de leurs disciples est quotidienne (…) Dans un tel environnement, les charlatans n’ont guère de chances d’émerger et, s’ils tentaient l’aventure, ils seraient vite déconsidérés (…)

En Occident, toutefois, les choses ont tendance à aller trop vite. Des personnes en quête de spiritualité, présentant souvent une certaine vulnérabilité, se rendent dans un centre spirituel, bouddhiste ou autre, et dans la foulée reçoivent des enseignements, voire des initiations, puis s’engagent hâtivement sans avoir eu le temps de mûrir leur décision et de l’asseoir sur des raisons valables. Un faux-maître peut séduire sous les apparences les plus attirantes, tout en étant dépourvu de la sagesse et de la bienveillance sans faille dont font preuve les maîtres spirituels authentiques. Ceux-ci possèdent, dit-on, « une réalisation spirituelle aussi élevée que le ciel et une attention au détail de la conduite éthique aussi fine que la farine ».

À l’inverse, les faux maîtres, prisonniers de leur ego, de leur ambition et de leur intérêt personnel, prennent l’ascendant sur ceux qui se confient à eux pour les abuser, à l’inverse des véritables maîtres qui, eux, n’ont d’autre souci que de montrer au disciple le chemin à parcourir pour atteindre la libération de la souffrance et de l’ignorance.

Prendre Refuge dans quelqu’un qui reste sous le joug des poisons mentaux revient à se réfugier dans un nid de vipères.

Les textes nous avertissent aussi de la rareté des maîtres qualifiés. Ils décrivent notamment les qualités requises d’un maître du Vajrayana : il, ou elle, doit posséder une excellente connaissance des enseignements, les avoir intégrés dans son flot de conscience et atteint un haut niveau de réalisation spirituelle. Celle-ci s’exprime notamment dans une compassion sans faille pour tous les êtres sans exception. La plus grande satisfaction d’un maître est qu’un disciple progresse vers la libération de la souffrance.

Nous sommes loin des rapports de domination dont la vie courante nous donne constamment des exemples, et qui caractérise la recherche d’emprise d’un faux maître sur ses disciples. L’accueil du maître est un geste de pure générosité spontanée comparable à l’assistance offerte à un voyageur égaré, à un fugitif en danger. Le maître partage son expérience du déracinement de l’ignorance, des émotions négatives, et des souffrances qu’elles entraînent. Maîtrisant pleinement les méthodes de la pratique spirituelle, il sait discerner celles qui conviennent le mieux à tel disciple, à un moment donné de son existence. Ces qualités ne peuvent naître que d’un accomplissement intérieur, perceptible dans les enseignements les plus profonds comme dans les gestes les plus simples.

Au disciple, il est donc fortement recommandé de ne pas se fier au premier venu et d’examiner tout d’abord minutieusement les qualités du maître potentiel, en commençant par s’informer auprès de tierces personnes, puis en s’assurant que l’opinion qu’il s’est faite est conforme à la réalité. Il est conseillé de laisser s’écouler plusieurs années avant d’accorder à un maître son entière confiance, car s’en remettre à un individu non qualifié revient à absorber du poison. »

«Carnets d’un moine errant » par Matthieu Ricard

Karma

La pratique du yoga implique le respect, le discernement, l’intégrité et l’équité.
Le yoga ne nous demande pas de devenir aveugle et naïf mais d’exercer notre bon sens et de réfléchir.
Vos voulez être un pratiquant? Observez et comprenez le sens de vos actions.

Le yoga, c’est avant tout la connaissance de soi. Apprendre de nos erreurs, cesser nous bercer d’illusions, faire des choix plus justes et agir avec bienveillance et considération.
A chaque action que l’on entreprend, posons-nous ces questions :
Est-ce un acte purement désintéressé ou est-il empreint de jalousie, d’orgueil, de malice? Cherché-je à servir le
bien commun ou seulement à nourrir mes propres intérêts?
Bien sûr, on peut revêtir le masque de l’amabilité ou le costume de l’oie blanche pendant un temps, mais aucun ne fera illusion bien longtemps.

Le yoga nous dit de choisir judicieusement nos karmas/actions.
Tôt ou tard, nous devrons faire face aux choix que nous avons faits. Ils se diffusent à l’extérieur mais s’imprègnent aussi à l’intérieur. Ils créent notre condition.
Nos futures karmas peuvent toutefois être changés par de sages décisions.
La question est, comment les choix que vous faites actuellement affecteront vos expériences futures?
Si l’on va de branches en branches avec avidité et sans réflexion, l’une d’elles finira rompre et la chute sera dure. Et il n’y aura personne d’autre que soi à blâmer pour les décisions que l’on a prises. Soudainement nous sommes nus: l’illusion n’a plus sa place.

Espérons que ces écueils nous offrent l’opportunité de réfléchir et de nous remettre en question. Quoiqu’il en soit, la roue du dharma continuera de tourner et de distribuer ses cartes.

La Bhagavad Gita résume ainsi la situation : Le Yogin « n’a pas d’espoirs personnels, il a rejeté tout sens de possessivité. Satisfait de ce qui lui échoit sans qu’il l’ait recherché, ayant franchi les dualités, n’enviant personne, égal dans l’échec et le succès, il n’est pas enchaîné alors même qu’il agit »
« Séme une pensée, tu récoltes un acte. Sème un acte, tu récoltes une habitude. Sème une habitude, tu récoltes un caractère. Sème un caractère, tu récoltes un destin »

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