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Gloubiboulga

Le sujet est revenu régulièrement ces derniers mois. Dans nos discussions au studio, à travers mes propres réflexions ou en échangeant avec des amies.

Qu’est-ce que le yoga aujourd’hui? Surtout, quelle relation personnelle entretient-on avec lui? Que devrait-il être, qu’est-il censé apporter? Devrait-on posséder des dispositions particulières, un corps ou un âge qui nous le permettent? 

Depuis quelques années, la démocratisation du yoga à viré un peu au ridicule : « Recherche femme blanche dans la vingtaine, très mince et musclée, pratiquant le yoga en sous vêtements chics, le teint hâlé, au milieu d’un décor de rêve, faisant preuve d’une souplesse extraordinaire. Merci. »

On a tout vu: Chèvre yoga, des bracelets qui permettent la paix intérieure, 90 min de postures de hip hop pour se reconnecter à soi. Toute fin de phrase ponctuée par “Amour et lumière sur toi”.
Le Yoga est devenu beaucoup d’égo et surtout beaucoup de marketing, 

L’offre est tellement vaste et contradictoire qu’on ne sait plus sur quel pied se tenir. Il fallait sans doute en passer par là. Enfin on commence à voir des femmes (et des hommes!) plus âgés, des personnes de toutes les fois et des toutes les couleurs, des sportifs de haut niveau, des cheveux blancs, de la cellulite, des bourrelets, la vie quoi! 

Le Yoga, sous couvert de vouloir notre bien, nous avait mis une sacrée pression. Avant même de pouvoir commencer, on devrait réponde à une norme de perfection, adopter des codes, se fondre dans la masse yoguique.

J’ai testé quelques “styles” de yoga, pris des cours avec toutes sortes de profs, eu besoin de choses très différentes en fonction des moments de la vie. Au fil du temps, j’ai trouvé ce qui me convenait dans quelque chose de traditionnel, de simple. Sans compétition, ni prédisposition. Ouvert à tous. Que ce soit une question de poids, de couleurs, de milieu social, d’agilité ou de douleurs aiguës. 

Le yoga que je pratique a changé. Celui que j’enseigne aussi. Il est plus dépouillé, colle davantage aux enseignements écrits, il n’est pas forcément facile, demande de la concentration mais n’exige pas de vous ce que vous ne voulez ou ne pouvez pas faire. Aucune culpabilité. Je l’espère authentique. J’aime que tout le monde puisse venir et se sentir bien. Ne pas pouvoir tout faire. Que l’ambiance soit légère et joyeuse. Oui voilà, on se détend! 

Alors le yoga au final, ca devrait être quoi? 

Simple. Ouvert. Respectueux de chacun, des corps, des peines du cœur et des blessures du corps. Il devrait envelopper tout le monde et ne laisser personne de côté. En legging ou en pyjama, intime parce que la pratique veut simplement que l’on refasse l’expérience de soi, que l’on retrouve un sens jusque là perdu dans notre quotidien. Qu’on apprenne à dépasser nos croyances et nos jugements pour s’ouvrir à d’autres possibilités de soi-même. Un yoga qui ne pousse pas mais qui s’ajuste et qui accompagne. 

Le yoga, ça devrait être se sentir mieux en soi, avec soi et alors, avec les autres. 

Je vous embrasse. Amour et lumière 😅😘

Lectures intéressantes :
• La pratique du yoga en Europe
• Le yoga est un chemin et Instagram n’en montre que le résultat

Déterminisme?

«Notre passé détermine notre futur» Vraiment? Je préfère prendre ce fatalisme avec des pincettes. C’est comme si nous étions soit une victime éternelle soit un pécheur condamné d’avance.
Nous ne sommes pas destinés à reproduire les schémas familiaux, les souffrances de nos parents ou à nous débattre dans les non-dits de nos ancêtres. Nous pouvons aussi utiliser notre peine et nos blessures d’enfant pour construire un avenir meilleur. Souvent il ne s’agira pas de celui auquel nous avions aspiré mais celui qui nous fera évoluer dans un sens que nous n’aurions pas soupçonné.

La victimisation est l’art des manipulateurs. Se cacher derrière des excuses en évitant à tout prix de se confronter à la réalité, de se remettre en question et de changer la donne.
Chacun a souffert, ce n’est pas pour autant que nous sommes promis à l’échec ou à la violence. Tout rejeter en bloc, prétendre que rien n’a existé, faire tout l’inverse et prier pour ne pas ressembler…une fuite sans doute salutaire…mais une fuite quand même.

Aussi douloureux et déconcertant que cela puisse paraître, nous devons au moins essayer de comprendre nos bourreaux. Ceux qui se vengent sur les autres sont souvent plus tristes et désespérées encore. Pardonner est une autre paire de manche. Mais faire la paix avec eux, c’est aussi faire la paix avec nous. Je sais à quelle point la colère aide pendant un temps. Mais avec quoi nous laisse-t’elle au final?

Elle nous condamne à rester enfermé dans nos tourments et pris au piège là où nous nous trouvons. On baigne dans cette tendance au vide, au désespoir, à l’impuissance.

En d’autres termes, nous pouvons changer. Décoder ce que nous sommes et où nous voulons aller.
Cela va demander beaucoup de courage, soulever des incompréhensions, exiger un travail sur le long terme et un engagement sans faille : c’est le parcours de l’humilité.
D’ôter nos masques : ceux de nos parents, de notre histoire, et le faire avec beaucoup de modestie et de gratitude. Choisir la voie du changement ne fait pas de nous des champions ou des êtres supérieurs. Juste des persévérants téméraires en quête de mieux être et de liberté.

Quiétude

“Shama est la quiétude de l’esprit, la tranquillité, l’équanimité et le calme. Tout d’abord, apprenez à vous composer. Plutôt que de vous attendre à ce que le monde extérieur se conforme à vos attentes, apprenez à vous attendre à l’inattendu. Considérez l’agitation comme normale et prenez les coups du monde à bras-le-corps. S’attendre à ce que tout soit parfait conduit à la déception. La déception et la tranquillité ne peuvent coexister.”

Pandit Rajmani Tigunait

Vous prendrez bien un peu de flatterie?

Les compliments me mettent mal à l’aise.
Ils m’indisposent, me gênent. Je me mets à rire nerveusement. Je ne saurais dire s’il s’agit d’un mécanisme de défense ou d’embarras profond. Loin de me plaire ou de me rassurer, particulièrement lorsqu’ils sont appuyés et déclamés haut et fort, je préfère prendre mes distances.

Au fil des années, j’ai fini par comprendre que les personnes les plus démonstratives, les plus enclines à vous encenser, vous flatter, le font d’abord pour elles-mêmes et beaucoup moins pour vous. Tous ces compliments déversés sur autrui n’expriment ni réelle appréciation ou modestie, seulement le reflet de leurs insécurités et d’une volonté farouche d’être aimé. Je doute encore plus de leur sincérité.

Leur rapidité à se livrer et à apprécier sans réserve dénote avec le discernement et la prise de recul nécessaire face à la nouveauté. Fomenter des plans pour l’avenir, être entouré, se préparer au pire: l’intention cachée derrière une couche dégoulinante de flagornerie.

Ils s’emballent et projettent sur vous leurs doutes et leurs peurs en se fourvoyant davantage sur eux-mêmes que sur vous. Comme ce besoin de vous mettre sur un piédestal puis de vous accabler dés que la machine se grippe : finalement humain, vous ne rencontrez plus leurs exigences et leurs espoirs. Ils finissent pas vous faire la leçon avec dédain et supériorité. J’y vois l’incarnation de la vanité et constate avec amusement que je ne suis pas un cas isolé : ils étalent leur pommade sur toute une assemblée.

Non, les flatteurs ne voient pas comme par enchantement ce que d’autres ne sauraient voir : dans leurs mots, seulement le besoin viscéral de ce qu’ils aimeraient recevoir…

La liberté de soi

“ Que signifie la liberté pour vous ? C’est l’une de ces valeurs qui ont une signification différente selon les personnes. En ces temps d' »altérisation », il est si facile de rejeter ou d’annuler quelqu’un, simplement parce que ses actions semblent aller à l’encontre des nôtres, ou que son opinion menace la nôtre.

Pourtant, si nous prenons le temps d’examiner notre idée de la liberté et de nous ouvrir au fait que celle de quelqu’un d’autre peut être différente, nous commençons à comprendre qu’il n’y a pas de « mal », mais seulement des idées différentes du « bien ».

Cherchez ensuite à savoir ce qu’est l’amour pour vous. Beaucoup d’entre nous pensent que le véritable amour est inconditionnel. Si c’est le cas, pourquoi y mettons-nous si facilement des conditions ?
L’être humain est tellement complexe. Surtout lorsqu’il s’agit de nos émotions et du rôle que jouent nos conditionnements inconscients dans notre façon d’aborder la vie.

C’est la raison pour laquelle la tradition Yoga a développé des méthodologies permettant d’effacer les conditionnements du passé, d’harmoniser notre esprit et nos émotions, de créer de la clarté et de la perspicacité afin que nous arrêtions de traverser la vie à l’aveuglette en pointant du doigt et en accusant les autres, les choses ou les circonstances de notre état d’être.
La tradition Yoga nous demande d’enquêter pleinement sur qui nous sommes, pourquoi nous pensons comme nous le faisons, et d’où vient notre
violence.

Cela demande du temps, de la cohérence, de la persistance et une volonté d’embrasser notre ombre et de l’intégrer. Je ne peux penser à aucun autre travail que je préférerais faire, car pour moi, la liberté signifie lâcher les vieilles idées et croyances illimitées, transmuter les émotions et les pensées négatives, se tenir dans l’amour authentique et l’ouverture.

C’est une pratique de chaque instant. Je vous donne rendez-vous là-bas.”