Des blessures de l’enfance.

La lecture de la phrase qui va suivre m’a fait réféchir : « Les gens connaissent ton nom, pas ton histoire. Ils ont entendu parler ou s’inventent ce que tu as fait, pas de  ce que tu as traversé. Alors prenez leurs opinions pour des grains de sable. Au final, ce n’est pas ce que les autres pensent qui compte mais ce que vous pensez de vous-même. »

En apprenti yogi que je suis, la remise en question de moi-même et des choses qui m’entourent fait partie de mon quotidien. Pas dans un but de remettre nécessairement ni systématiquement en cause non, mais d’essayer de se poser les bonnes questions, et d’améliorer et d’adapter mes réactions au fil de mon cheminement et de ma réflexion. Je suis un programme de méditation consacré à l’estime de soi ou à la non estime de soi en l’occurence. Le but est d’identifier ce sur quoi nous sommes les plus hésitants, les parties de nous-même que nous remettons sans cesse en cause, les racines de ce qui aujourd’hui nous retient. Bien souvent, l’estime de soi est en lien direct avec l’enfance, avec notre éducation, les mots d’amour ou les mots durs de nos parents, l’attention qui nous a été portée, des blessures de l’enfance…

Je pense que chaque parent fait de son mieux, loin de lui l’idée d’être le tyran qui traumatisera son enfant pour le reste de sa vie. Mais il me semble aussi clair que tous les parents font des erreurs, victimes aussi d’eux-mêmes, de mécanismes ou de schémas de pensées profondément ancrés. Nous avons tous quelque chose à leur reprocher, et nous ne devons pas en attendre moins de nos enfants.

Pour ma part, même si les choses avancent, je me rends compte à quel point le jugement, la méchanceté mais aussi les remarques anodines, qui peuvent être constructives par ailleurs, me font basculer. Tout d’un coup, je ne vaux plus rien. Comment puis-je laisser l’autre redéfinir qui je suis et ce que je pense de moi en un claquement de doigt? Je sais d’où cela vient ce qui est déjà un bon point et le travail continue…J’ai pardonné mes parents depuis longtemps. Mais aujourd’hui c’est sur moi que je dois travailler. Apprendre à me pardonner aussi. A m’accepter. A discerner. J’ai la plus grande difficulté à faire la part des choses entre ce que l’on me dit, ce que l’on me renvoie, et si ma réaction est légitime, réfléchie, adéquate, juste ou si elle est le fruit de mes émotions et de ma sensibilité. Comment savoir si l’on voit bien, si l’on voit clair? Peut-on jamais voir avec détachement et discernement ou sommes-nous toujours d’une façon « victime » de nos blessures, de nos habitudes ou de nos remises en questions? La personne en face de nous essaye t-elle juste de nous parler, de nous blesser, se fourvoie t-elle sur nous ou sur elle-même?

Je poursuis avec passion ma lecture de « La voix de la paix intérieure » de B.K.S Iyengar et je pense que ses mots, qui que nous soyons, quoique nous ayons pu traverser, quoique nous soyons entrain de vivre aujourd’hui, trouveront écho en vous.


Les mécanismes internes de la conscience par B.K.S Iyengar

« Dans presque toutes les librairies, vous trouverez des quantités d’ouvrages traitants des difficultés et du développement personnels, de psychologie et des pratiques et des voies spirituelles. Mais très peu d’entre eux abordent le problème persistant au centre du dilemme humain – à savoir notre esprit ou notre conscience – c’est à dire non seulement la nature de la conscience mais surtout la façon dont notre esprit fonctionne.

Imaginez un manuel d’entretien d’une voiture qui décrirait avec une éloquence interminable sa carrosserie, son style, sa couleur, sa puissance d’accélération, son confort et ses équipements de sécurité, mais qui n’expliquerait jamais comment fonctionne un moteur à explosion.
Une telle description ne permettrait à personne de comprendre, entretenir ou réparer sa voiture. Nous pouvons fort heureusement amener notre véhicule au garage, où l’on connait parfaitement bien les moteur et où on peut les réparer.
Mais chez qui emmenons-nous notre propre esprit lorsqu’il a besoin d’un réglage? Nous pouvons consulter un psychologue pour avoir des conseils, mais au bout du compte, nous sommes éternellement contraints de réparer notre esprit nous-mêmes.

Le yoga nous offre des moyens très utiles pour régler les problèmes mentaux qui génèrent tant de souffrances pour la plupart d’entre nous, mais nous devons tout d’abord comprendre la simple description que la philosophie du yoga donne de la conscience. (…) Elle est directe, pratique, et – le plus important – immédiatement applicable.

Le yoga identifie trois parties constituantes de notre conscience (qu’il appelle citta). Ce sont l’esprit (appelé manas), l’égo ou le soi avec une minuscule (ahamkara) et l’intelligence (buddhi)

L’esprit, comme je l’ai dit, est la couche externe de la conscience. Il est par nature inconstant, instable et inapte à faire des choix productifs. Il ne peut décider entre bien et mal, juste et faux, correct et incorrect. C’est là le rôle de l’intelligence, qui est la couche interne de la conscience.

Ahamkara
, ou l’égo
, est la couche la plus intérieure. Littéralement ahamkara signifie « forme-je ». Il se présente comme notre personnalité et s’arroge l’identité du vrai Soi. C’est la partie de nous-mêmes qui court après tout ce qui attire. Quelle que soit la couche de la conscience qui est active elle se dilate, amenant par là les autres à se rétracter.

Le yoga décrit la relation entre ces parties et leurs proportions, les unes par rapport aux autres, et il explique comment elles réagissent lorsqu’elles rencontrent le monde, ce qu’elles font naturellement tout le temps. Le yoga signale comment nous réagissons généralement au monde extérieur en formant des schémas rigides de comportement qui nous condamnent à revivre sans fin les mêmes événements, à travers une diversité superficielle de formes et de combinaisons.
Quiconque regarde l’histoire ou écoute la litanie des malheurs et des guerres aux informations pourra le confirmer. « L’espèce humaine apprend t-elle jamais quoique ce soit de nouveau? » nous demandons-nous avec exaspération. Le « changement » historique qui nous a amenés à tuer à coups de pierre, puis à coups de massues, d’épées, de fusils, jusqu’au armes nucléaires, n’est à l’évidence pas un changement du tout, et ce n’est certainement pas une évolution. La constante est de tuer, et le choix des moyens q’un résultat de l’inventivité technologique ou de l' »ingéniosité » humaine, au summum de son auto-destruction. (…(

Nous avons cependant une chance de briser les chaînes qui nous emprisonnent et de nous exercer individuellement à contrôler ce mécanisme réactif de sorte que les vieux schémas ne soient plus répétés ; de nouvelles choses peuvent réellement se produire, et de vrais changements avoir lieu. Cette clarté naissante est, en essence, la voie du yoga. Le processus que je viens de décrire peut être résumé, sur le plan individuel, comme le fait d' »obtenir davantage de ce que je désire sincérement, et moins de ce que je ne veux pas ». L’astuce est de les différencier l’un de l’autre, puis d’agir sur cette base.
Le paradoxe, c’est que pour nous entraîner afin d’y parvenir, nous devons commencer par faire pas mal de ce que nous n’avons pas envie de faire, et plutôt moins de ce que nous croyons vouloir. Le yoga appelle cela tapas, que j’ai traduit par « pratique courageuse et soutenue ». Descartes a dit que le bonheur n’est pas d’acquérir les choses dont nous pensons qu’elles nous rendraient heureux, mais d’apprendre à aimer faire celles que nous devons faire, quoi qu’il en soit. Essayez cela en attendant un train qui a du retard ou en faisant la vaisselle. (…)

Le yoga nous demande de considérer les complexités de la conscience, qui se déploient sur le chemin de l’évolution et qui sont encore plus subtiles – telles que l’esprit, la « forme-je » et l’intelligence – et de chercher à savoir ce qu’elles sont et comment elles fonctionnent. Notre esprit mental traite nos pensées et nos expériences vécues. La « forme-je » nous permet de distinguer entre nous-mêmes et les autres, qu’il s’agisse de notre mère ou de la personne qui se trouve à coté de nous dans l’autobus. Elle se rapproche peut-être le plus de la notion psychologique d’égo en Occident. Au-delà ce cette « forme-je » ou égo et de l’activité mentale et de l’esprit, nous avons également l’intelligence, grâce à laquelle nous discernons et prenons des décisions. La conscience est composée de ces trois élèments et est cependant davantage que la somme de ses parties. « 

Je vous invite à lire la suite dans le livre de B.K.S Iyengar, pour ce qui désirent aller plus loin en eux et sur la voie du yoga.

Avec amour les yogis…

3 comments on “Des blessures de l’enfance.

Ce livre semble très intéressant, je le note pour le lire. Merci.
J’ai découvert un livre il y a quelques mois qui a beaucoup changé ma perception de moi, de mes parents, du pourquoi je suis ainsi, pourquoi je réagis comme cela, il s’agit « les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même » de Lise Bourbeau. Elle a déterminé 5 morphologies, et en fonction d’elles, elle explique pourquoi nous nous sommes développés ainsi plutôt que d’une autre forme. Ca révèle des choses notamment sur la prise de poids, et même la non prise de poids, et bien d’autres choses encore. C’est devenu ma bible 🙂

Belle continuation, et très jolie journée.

Merci beaucoup pour ton commentaire. Je m’empresse de checker ce livre sur Amazon! Ca a l’air très intéressant <3
Belle journée à toi, a bientôt!

Merci pour ton commentaire…Je te le conseille, il est…extraordinaire ! Je n’ai pas encore lu L’arbre du yoga…sur ma liste maintenant! Merci et bises!

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