Les compliments me mettent mal à l’aise.
Ils m’indisposent, me gênent. Je me mets à rire nerveusement. Je ne saurais dire s’il s’agit d’un mécanisme de défense ou d’embarras profond. Loin de me plaire ou de me rassurer, particulièrement lorsqu’ils sont appuyés et déclamés haut et fort, je préfère prendre mes distances.
Au fil des années, j’ai fini par comprendre que les personnes les plus démonstratives, les plus enclines à vous encenser, vous flatter, le font d’abord pour elles-mêmes et beaucoup moins pour vous. Tous ces compliments déversés sur autrui n’expriment ni réelle appréciation ou modestie, seulement le reflet de leurs insécurités et d’une volonté farouche d’être aimé. Je doute encore plus de leur sincérité.
Leur rapidité à se livrer et à apprécier sans réserve dénote avec le discernement et la prise de recul nécessaire face à la nouveauté. Fomenter des plans pour l’avenir, être entouré, se préparer au pire: l’intention cachée derrière une couche dégoulinante de flagornerie.
Ils s’emballent et projettent sur vous leurs doutes et leurs peurs en se fourvoyant davantage sur eux-mêmes que sur vous. Comme ce besoin de vous mettre sur un piédestal puis de vous accabler dés que la machine se grippe : finalement humain, vous ne rencontrez plus leurs exigences et leurs espoirs. Ils finissent pas vous faire la leçon avec dédain et supériorité. J’y vois l’incarnation de la vanité et constate avec amusement que je ne suis pas un cas isolé : ils étalent leur pommade sur toute une assemblée.
Non, les flatteurs ne voient pas comme par enchantement ce que d’autres ne sauraient voir : dans leurs mots, seulement le besoin viscéral de ce qu’ils aimeraient recevoir…