La joie fut l’un des sujets prédominants de notre retraite. Elle a occupé de nombreuses conversations, avec Rod, entre copines, dans nos réflexions personnelles. Finalement, elle a été l’agréable toile de fonds de nos pratiques.
La pratique posturale nous préparait avant tout à longues plages de respirations et de méditations. Toutefois la joie n’est pas forcément le meilleur qualificatif pour les décrire : certaines méditations sont intenses, merveilleuses, libératrices. D’autres faites de frustrations, usées par un mental turbulent, un souffle haché et un corps incapable de se reposer. On tente de surpasser les faiblesses de l’esprit, avec persévérance, bienveillance et fermeté, en l’établissant dans un calme serein et nourrissant. Alors les prémices de l’état de yoga se dévoilent. Un état de paix non soumis aux émotions, pensées, sensations, perceptions. Un état dans lequel toute identification au Moi a cessé. Lorsque la conscience subtile derrière l’ordinaire apparaît, nous nous établissons dans l’être qui n’est plus soumis à aucune qualification. Pour cela, il va falloir accepter la remontée de tout se qui tapit sous la surface, autoriser la présence de cette houle, avec détachement, pour nous rendre plus libre. Ce à quoi nous résistons persiste. Ce que nous acceptons se fond dans une conscience plus profonde, et nous devenons moins soumis aux aléas exténuants du mental. De telles expériences rendent simplement visible la joie inhérente en chacun de nous. Parfois dormante, parfois plus vive, elle devient enfin palpable. Elle ne dépend plus de conditions ou de récompenses extérieures et réside immuablement dans notre cœur. Si la conception spirituelle du yoga nous invite par la suite à nous détacher de cet état (créant un désir potentiellement insatiable)…qu’il est doux d’être accompagné par la grâce à la fois simple et subtile de ce qui constitue l’une des plus belles parts de l’existence humaine.