On peut pratiquer le yoga depuis des années. Maîtriser les postures comme une déesse. Mener une vie saine. Connaître quelques concepts et avoir parcouru certains des textes traditionnels.
Mais rien de tout cela n’a beaucoup d’importance sans un travail personnel.
Lorsque l’on enseigne le yoga face à un public, l’égo peut vite prendre le dessus. Des élèves qui vous regardent exécuter certaines postures énigmatiques, qui viennent à vous pour des questions, des followers en plus sur Instagram. Ça peut vite être flatteur. On pense avoir « réussi » être un peu « au dessus ». Tout le contraire du yoga me direz-vous? Et bien oui.
Les postures sont les postures. Le yoga ou l’état de yoga, est décrit comme l’arrêt des fluctuations du mental. Cela demande non seulement de s’établir dans une forme de paix intérieure, mais aussi prendre de la distance avec tout ce qui constitue, en théorie, ce que nous sommes. L’observation de soi, l’introspection, la remise en question, sont des éléments indispensables de notre évolution personnelle et collective. Chaque yogi est censé se consacrer à l’analyse de ses émotions, réactions, de son impulsivité ou encore des choix qu’il fait. La façon dont il se considère et dont il traite les autres. Personne n’est à l’abri de se fourvoyer ou de blesser, bien entendu.
Mais plonger en soi nous rend plus doux, ouvert, compréhensif. C’est un exercice d’humilité, difficile, mais qui en vaut largement la chandelle.
Se confronter à ses défauts et ses limites demandera d’abord un effort dérangeant. Mais c’est le prix d’une liberté plus grande, d’un ancrage dans le monde plus complet et d’une légèreté durable dans le cœur.