Les textes sacrés de l’Inde et du Yoga
Les premiers témoignages écrits de la pratique du yoga datent d’environ 4500 à 2500 avant J.C., aussi appelé période « védique ». Les Védas ont d’abord été transmis oralement. Les premiers écrits datent d’environ 1500 avant J.C.
Il existe deux catégories de textes sacrés :
– les textes fondamentaux s’adressant à l’élite, la caste des Brahmanes ou des prêtres.
– Les grandes épopées accessibles à tous. (Le Mahabharatta et le Ramayana).
1 – Les Védas
C’est le livre de référence de toute la culture védique, ancêtre de l’hindouisme.
Le Veda signifie « Le Savoir ».
La Çruti
C’est la première catégorie de textes, transmise par « Dieu » aux sages.
Elle est composée des quatre textes sacrés de l’hindouisme appelés aussi Védas.
Ils sont considérés comme les premiers documents littéraires relatant l’histoire de l’Humanité.
Le Rig-Veda
Le plus ancien des Védas est le Rig-veda. On estime que sa rédaction aurait débuté vers 1400 avant JC et s’étendrait sur plusieurs siècles. Les hymnes s’adressent aux divinités, glorifient le pouvoir suprême, demandent santé et protection et accompagnent les différents moments du culte. Le Rig-Veda nous donne un idée du contexte économique, social, religieux et politique de la civilisation védique. Les premières formes de mantras sanskrit apparaissent. Le Yoga y est cité pour la première fois comme discipline mais non comme pratique.
Yajur-Veda et le Sama-Veda
Le Yajur-veda et Sama-veda composent la partie lithurgique. Les textes, sous forme de versets et de chants, sont utilisés par les prêtres durant les cérémonies et les rituels. Ils contiennent des instructions sur la manière d’éxécuter les rituels religieux. Le Sama-Veda est considérée comme la musique originelle de l’Inde.
Accessibles uniquement aux Brahmanes, c’est une façon pour eux d’affirmer leur supériorité vis à vis des autres castes.
Arthava-Veda
L’Arthava-veda est le livre d’Arthavana, du nom du sage qui l’a écrit. Il se compose de 731 hymnes, soit une vingtaine de livres, regroupant des prières magiques, des incantations, et des charmes ayant pour sujets l’amour, la maladie, la prospérité et la longévité. Le Pranayama (techniques de respiration) est ici évoqué.
Brahmanas ou rituels
Les Brahmanas sont des traités d’explication en prose. Ils révèlent les liens entre rituels et mythologie et expliquent les pratiques sacrificielles.
Aranyakas ou technologies
Le troisième texte met en perspective la relation entre sacrifices, cosmos et humanité. Ils servent d’outil de méditation aux ascètes et traitent du mysticisme et du symbolisme.
Upanishads ou philosophie
On trouve enfin les Upanishads. Ce sont des traités d’inspiration philosophique qui traitent du mystère de la mort, de l’unité de l’univers et aspirent à établir l’équivalence entre l’âme humaine (Atman, le Soi) et l’âme cosmique (Brahman, l’Absolu). Ils mettent fin aux Védas.
Ces textes philosophiques contiennent les enseignements fondamentaux de la religion hindoue.
Le Yoga y est présenté comme une voie de libération de la souffrance par la sagesse. Deux disciplines naissent de cette période : le Karma Yoga (action) et le Jnana Yoga (sagesse).
Le Vedanta
Les concepts philosophiques contenus dans les Upanishads ont servi de base à l’un des six systèmes de la philosophie hindoue, le Vedanta (du sanskrit « veda », connaissance et « anta », fin). Les enseignements sont écrits sous forme d’aphorismes réputés incompréhensibles sans l’aide d’interprétation. Plusieurs ont donné naissance à diverses écoles de philosophie indienne. La plus importante est l’Advaita, ou non-dualisme, fondée par Shankara, qui affirme qu’il n’existe aucune différence en l’âme humaine et l’âme cosmique.
2 – la Smriti
La deuxième catégorie des textes sacrés indiens est la Smriti ou « mémoire ». Inspirée des Vedas, c’est un mélange de vérités divines et de vérités humaines.
Dharma-Sutras
Le Dharma est le fondement de la vie d’un hindou. Ces textes renferment une idée de devoir applicable à chacun. Le plus ancien est le Dharma-Sutras, sans doute rédigé entre 600 et 300 avant JC. Le Dharma consiste (à travers ses activités quotidiennes, ses relations avec les autres et la religion) à maintenir un équilibre cosmique. Ce sont nos (bonnes) actions qui vont nous permettre de tenir et préserver cet équilibre.
Le Mahabharata
Mahabharata, le plus long des poèmes épiques de l’Inde, réparti en 18 livres.
Le sujet central est la guerre entre les Kaurava (Les forces du Mal) et les Pandava (Les forces du Bien).
Dharmaraja, l’aîné des Pandava, perd le royaume suite à un jeu de dès. Les Pandava désirent le reconquérir. Krihsna y tient une place prépondérante. Accessible à tous, ce texte a une profonde influence sur les hindous.
Le livre VI, appelé « Bhagavad Gita » est le plus important.
La Bhagavad Gita est un poème sanskrit symbolique de 700 vers (shlokas) répartis en 18 chants, datant d’environ 2 000 ans.
C’est un dialogue entre Arjuna, prince Pandava et Krishna (Dieu). Il montre que le Dieu Universel est en toutes créatures, et que l’homme est Dieu lui-même, ou son propore dieu. »Ayant imprégné l’univers entier d’une parcelle de Moi-même, je demeure ».
La Bhagavad Gita livre les enseignements fondamentaux de la spiritualité hindoue. Elle est considérée par l’ensemble des courants de l’hindouisme comme la synthèse de la sagesse des textes sacrés plus anciens. De grands penseurs occidentaux ont écrit qu’elle était « le plus grand livre qui soit sorti de la main de l’homme ».
La Bhagavad Gita expose une voie de yoga à trois branches afin d’atteindre la libération.
Nous devons d’abord renoncer aux fruits de nos actes en continuant d’agir dans le monde. (Karma Yoga). Par l’amour et la dévotion, nous serons libérés de la souffrance (Bhakti Yoga). Enfin, la sagesse nous délivre en nous permettant de discerner le vrai du faux. (Jnana Yoga). Nous devons nous acquitter de nos devoirs sans nous inquiéter des résultats. « Faire de toute action un acte d’adoration de Dieu ou être divin suprême ».
Le Ramayana
Le troisième texte est le Ramayana. On attribue sa rédaction au sage Valmiki entre 300 et 200 après JC. Ramayana veut dire en sanskrit, « la geste de Rama ». C’est un des textes les plus importants de l’hindouisme, composé de 7 livres et 24 000 strophes.
Il raconte l’histoire de Rama, incarnation de Vishnu, considéré comme le fils et l’époux idéal. Ecarté du trône de son père dont il était l’héritier légitime, Rama doit s’exiler, avec sa compagne Sita et son frère Lakshmana. Sita est enlevée par le démon Ravana. Avec l’aide d’une armée de singes et d’ours, Rama, après une longue recherche, tue Ravana et délivre Sita. Rama retrouve son trône et gouverne avec sagesse.
Ce texte sert de support au culte de Rama. Sa récitation est considérée comme un acte de dévotion.
Comme le Mahabharata, le Ramayana a exercé une très grande influence sur la littérature et les arts de l’Inde.
Les Puranas
La Smriti s’achève avec les Puranas. C’est une série de 18 livres, apparus sous le règne des Guptas (Du 3ème au 6ème siècle).
On y trouve toute la mythologie, les légendes, la généalogie des dieux et héros hindous. Ces textes sont très populaires, notament celui dédié à Krishna : le Bhagavata-Purana.
Les Yoga Sutra de Patanjali
La pratique moderne du Yoga doit son existence aux Yoga Sutras de Patanjali. Il est considéré comme le fondateur et le père du yoga moderne. Il a réorganisé différentes pratiques existantes en un ensemble plus cohérent et systématique.
Les Sutras sont les documents les plus anciens encore existant traitant de la philosophie, des buts et des techniques du yoga. On les date entre 2 siècles avant et 5 siècles après J.C.
Ces 195 aphorismes (affirmations concises, faciles à mémoriser, transmises de professeur à élève) décrivent la façon dont l’élève peut maitriser son esprit et ses émotions, surmonter les obstacles à son évolution spirituelle et atteindre Kaivalya (union avec le divin).
– Le premier chapitre, Samadhi Pada donne une définition du yoga, décrit les états de l’esprit, ses distractions et les moyens d’atteindre le Samadhi (union avec le dieu personnel).
– Le deuxième chapitre, Sadhana Pada, présente le Kriya Yoga « Le kriyā yoga (ou pratique) se fait selon trois modalités inséparables : un effort soutenu, la conscience intérieure de soi, et l’abandon à la volonté divine ». Et les 8 membres du yoga par lesquelles le yogi atteint la libération ou Ashtanga yoga. Les 4 premières membres correspondent au Hatha Yoga.
– Le troisième chapitre, Vibhuti Pada, décrit les pouvoirs et les accomplissements acquis par le praticien assidu. Patanjali nous donne les techniques pour parvenir à ces états supérieurs de conscience.
– Le quatrième chapitre, Kaivalya Pada, traite de la libération, de l’émancipation du yogi.
Le Raja Yoga ou « Yoga royal » s’appuie sur les Yoga Sutras.
La méditation y tient une place très importante. Il associe le Karma Yoga, le Bakhti Yoga et le Jnana Yoga au Hatha Yoga.
En Occident, on parle généralement de Hatha Yoga, basé sur l’association des postures ou asanas, d’exercices de respiration ou pranayama. En Inde, ce yoga physique n’est considéré que comme une préparation à des pratiques plus spirituelles et méditatives.