Quand votre pratique du yoga est un cadeau…

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Vendredi dernier, je demandais à mon élève ce que le yoga lui apportait, ce qu’il avait changé dans sa vie.

Je me souviens de notre première rencontre : elle était si douce, si bienveillante…et manquait cruellement de confiance en elle et en ses capacités. Sa première séance fut difficile mais elle s’est accrochée. Elle est venue une fois, puis deux fois par semaine.

On a ri quand elle est arrivée avec un tapis de yoga Liforme offert par son mari. Et j’ai commencé à percevoir des changements : le yoga lui fait du bien, mais n’est pas une compétition. Ni avec les autres, ni avec elle-même. Le yoga n’est pas une source de pression supplémentaire mais un gain en bien-être et en sérénité. Et surtout, c’est l’attitude qui a changé : ce que j’aime son sourire communicatif, son enthousiasme quand elle franchit la porte du studio <3.

Dimanche, je ne m’attendais pas à recevoir cette lettre sublime…Elle a accepté que je la partage pour que vous puissiez la lire. C’est un cadeau. Je suis tellement heureuse de partager le yoga et ses bienfaits, de vous emmener jour après jour vers plus de calme, d’amour et de compassion. Les mots me manquent tant je suis émue alors… C’est à elle que je donne la parole…

 

♥ A l’âge de 11 ans, j’ai commencé à prendre du poids… Beaucoup de poids. Les insultes, les humiliations, ne faisaient que renforcer mon addiction au sucre. Et plus je me consolais avec le sucre, plus je grossissais, et plus ma haine envers moi-même grossissait aussi. J’ai commencé les régimes au lycée, me privant de nourriture régulièrement, j’ai perdu du poids. Et la lutte a commencé.

♥ En rencontrant l’amour de ma vie, en donnant naissance à deux merveilleux enfants, en faisant un métier où je me sens utile, j’ai trouvé des raisons de me battre, de continuer, de faire avec cette enveloppe corporelle repoussante à mes yeux. Le but principal de ma vie était d’être une bonne mère, de tout donner pour rendre mes enfants heureux. Mais je doutais, souvent. Quelque-chose clochait.

♥ Je n’étais pas heureuse, je n’étais pas sûre non plus que mes enfants soient heureux. Mon corps répondait à ma haine envers lui en se faisant douloureux, particulièrement mon dos. On me disait de faire du sport, alors j’en ai essayé plusieurs. Toujours le même schéma: la trouille, les élèves filiformes en vêtements fluos qui te regardent du coin de l’œil en ricanant, les profs très délicats qui te hurlent dessus pour te « stimuler », la souffrance, le mal-être, les yeux rivés sur la montre et la sortie, en alternance. Et toujours, cette impression de ne pas être à sa place et qu’on n’est encore moins que rien. Bref, j’ai toujours abandonné rapidement. Et puis, un jour, je me suis décidée pour le yoga. Parfois, le simple fait de pousser une porte change votre vie à jamais.

♥ Pour la première fois, lorsque je suis entrée, on m’a souri, on m’a présentée, on m’a demandé comment je me sentais, et pas de manière rhétorique. La première séance a été difficile, mais j’ai été encouragée et pour la première fois de ma vie, on m’a félicitée, on m’a dit que je n’étais pas obligée de forcer, et on m’a donné les clés pour aller plus loin. J’ai trouvé un refuge, de bienveillance, de paix. Je suis devenue bienveillante avec mon corps et j’ai fait la paix avec lui. J’ai rencontré un professeur formidable, que j’adore. Et je me suis rencontrée moi-même. J’ai pris conscience que mon corps pouvait être mon allié, et surtout, qu’il dépendait beaucoup de mon esprit, et que c’était d’abord sur mon esprit que je devais agir, et qu’il pouvait me permettre de me surpasser.

♥ Quelques mois après mes débuts, j’ai pris la décision de passer un entretien pour mon travail. C’était quelque-chose de complètement inimaginable avant, je préférais ne pas tenter plutôt que d’affronter l’échec, que je savais inévitable. Je n’ai pas été retenue. Avant le yoga, je me serais effondrée et aurais été folle de rage envers moi. Au contraire, j’ai aimé cette expérience, j’ai compris que ça m’avait appris beaucoup de choses, que je voyais mieux ce qu’on attendait de moi, maintenant, que j’aurais pu tout à fait réussir en me recentrant sur l’instant et en appliquant les exercices de respiration. J’ai perdu mon calme. Et ce n’est pas un échec, ça fait partie du cheminement vers la réussite, j’avais besoin de cette mise en situation pour comprendre et réussir une autre fois.

♥ J’ai réalisé que la lutte était terminé, faute de combattants. Je n’ai pas appris à mes enfants à être heureux. Ils ne peuvent l’apprendre que d’eux-mêmes. En me voyant me battre constamment, ils ont juste appris à avoir peur, en pensant que la vie n’était qu’une lutte. Aujourd’hui, en faisant la paix avec moi-même, en arrêtant de me juger, en étant bienveillante avec moi-même, en m’autorisant à être bien, et à me donner du temps pour être bien, je leur montre que c’est parfois en déposant les armes que le bonheur vient. Je ne suis encore qu’au début du chemin, et il est extrêmement long, mais j’en savoure chaque pas, rempli de découvertes merveilleuses, et je ne suis pas pressée d’arriver à la fin.

Source photo : elenabrower.com

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