Je ne suis pas parisienne. Je ne vis même pas dans une grande ville. Je ne suis pas un « influenceur » sur les réseaux sociaux, encore moins « amie » avec les professeurs stars du yoga. Bref, je suis une prof de yoga isolée.
Pourtant je fais mon métier avec tout mon coeur. Mon studio de yoga, ouvert il y a 3 ans, compte plus de 500 élèves. Avec qui j’ai crée de véritables amitiés et beaucoup de complicité. Je me réveille chaque jour avec la volonté d’améliorer ma pratique pour améliorer la leur et leur offrir tout le bien-être dont ils ont besoin.
Il m’est difficile de m’absenter car je travaille seule. Partir en vacances peut-être synonyme de culpabilité. Continuer de former…La plupart du temps incompatible. Prendre un cours de yoga? Les plus proches sont à 45 minutes…La plupart du temps, c’est au même moment que j’enseigne.
Alors souvent les doutes apparaissent : ne pas se sentir légitime, se sentir nulle ou incompétente, se comparer. Et finalement…Est ce que j’ai besoin de me mettre autant de pression? Je viens d’avoir 30 ans, mon studio fonctionne bien et je suis heureuse de ce que je fais chaque jour.
Il y a quelques années encore, j’avais mal partout, raide comme un piquet et irritable dans les mêmes proportions. Je regrette de ne pas pouvoir parcourir le monde pour me former ou faire des retraites avec tel ou tel professeur qui m’inspire. Mais chaque chose en son temps. Ce moment viendra. Je sais que le travail, la patience, l’authenticité porteront leurs fruits.
Certains jours sont plus difficiles que d’autres et j’ai besoin d’en parler. Les réseaux sociaux, source de quelques complexes n’est ce pas? Sont aussi un lieu de partage et moi qui était absolument réfractaire à toutes formes d’échanges virtuels , je me rends compte du contraire! J’ai besoin d’échanges, de soutien, de partager, de savoir que je ne suis pas complètement seule ou isolée. Dans mon entourage, difficile de papoter anatomie ou yoga Sutras. Et avec les autres yogis de la toile, oui!
Parfois je me dis que j’aimerais vivre dans une grande ville pour profiter de tous ses cours, ses formations, ses possibilités. Mais comme partout, on me dit que la concurrence est rude et même que les coups sont bas. Que l’éloge de l’hyper flexibilité et de la musculature est de rigueur et détermine la qualité de ton enseignement.
Je suis fine parce que je fais du sport, parce ce que je mange bien, parce que j’ai envie de prendre soin de moi. Je n’ai pas besoin de faire une semaine de détox par mois pour prouver à qui que ce soit que je suis une vraie yogi. Je ne veux pas être une star hollywoodienne, ni que tout le monde m’admire quand j’arrive dans une pièce. Le yoga n’est pas censé développer ou nourrir un monstre d’égo. J’ai encore quelques années devant moi pour acquérir en prestance.
Si pour certains, être une prof de yoga de province semble insignifiant, ça a changé ma vie, et sans vouloir me lancer des fleurs…Ca a peut-être apporté de jolies choses dans la vie des autres…